Chaque individu possède, à la surface de la quasi majorité de ses cellules nucléées, des structures chimiques bien particulières et qui lui sont propres : ce sont lesa ntigènes HLA (Human Leucocyte Antigen). Cette situation est tout-à-fait comparable à celle du système ABO des groupes sanguins présents sur les globules rouges. Ces antigènes HLA sont également appelés antigènes tissulaires ou de transplantation, parce qu’ils sont étroitement liés au phénomène de rejet des greffes.

Les antigènes HLA sont classés en différents groupes, chacun correspondant à une localisation précise, appelée locus, sur le chromosome 6. Chaque locus code pour de multiples allèles, ou formes différentes d’un gène. L’ensemble des allèles HLA sur les deux chromosomes constitue le phénotype HLA, véritable « carte d’identité génétique » d’un individu.
Un sujet donné peut également présenter des anticorps anti-HLA. Ces anticorps sont la conséquence d’immunisations induites, entre autres, par des grossesses, des transfusions ou des transplantations antérieures.
L’une des principales activités d’un laboratoire d’histo-compatibilité est de détecter périodiquement cette pré-immunisation, qui est capitale chez les futurs transplantés rénaux. La chance d’être greffé rapidement est d’autant plus grande que le degré d’immunisation du receveur est faible. Les patients fortement immunisés ont moins de chance de trouver un greffon rénal compatible et leur attente sur une liste de greffe peut être très longue.

1ère étape de sélection : le système ABO

La situation de greffe est tout-à-fait comparable à la transfusion sanguine, si l’on assimile le sachet de sang à une greffe d’hématies. Les règles imposées en transfusion sanguine sont, dès lors, également d’application pour les greffes d’organes, à savoir :
- le donneur O peut donner ses organes à tous les receveurs : c’est le donneur universel
- le donneur A peut donner ses organes aux receveurs A et AB
- le donneur B peut donner ses organes aux receveurs B et AB
- le donneur AB ne peut donner ses organes qu’aux receveurs AB, mais le receveur AB peut accepter des organes de n’importe quel groupe : c’est le receveur universel.

Quant au rôle des antigènes du système Rhésus, il apparaît comme négligeable et on n’en tient pas compte.
En règle générale, il s’agit avant tout de respecter la notion d’iso-groupe, c’est-à-dire qu’il faut greffer en identique, plutôt qu’en compatible. Ce principe est particulièrement important pour le donneur universel O, de manière à ne pas encombrer une liste d’attente déjà « chargée » en receveurs O.

2e étape de sélection : le cross-match lymphocytaire

Il a été démontré que des rejets aigus en matière de greffe rénale (destruction immédiate du greffon) étaient liés à la présence, chez le receveur, d’anticorps dirigés contre les cellules du donneur. Le cross-match lymphocytaire consiste à mettre en présence des lymphocytes du donneur avec du sérum du receveur, afin de mettre en évidence la présence ou non d’anticorps anti-HLA dans le sérum du receveur, spécifiquement dirigés contre les antigènes HLA portés par le greffon.
Du résultat obtenu dépendra la sélection quasi définitive des candidats à la greffe :
En situation dite de « cross-match POSITIF», l’anticorps anti-HLA présent chez le receveur reconnaît chez le donneur des antigènes qui lui sont spécifiques. C’est le signal d’alarme, équivalent à une contre-indication à la greffe ;
Par contre, en situation de « cross-match NEGATIF », il n’y a pas, dans le sérum du receveur, d’anticorps anti-HLA capables d’induire une destruction des antigènes présents sur le greffon. La greffe peut alors avoir lieu.
La règle exige donc de refuser de greffer tout organe en cas de cross-match POSITIF tout au moins en ce qui concerne les greffes rénales et les greffes combinées rein-pancréas. En matière de greffe cardiaque et hépatique, le cross-match a moins d’importance : l’expérience a montré qu’il n’y a pas de rejet suraigu.

3e étape de sélection : le degré d’immunisation du receveur

Comme expliqué plus haut, l’une des activités essentielles du laboratoire d’histo-compatibilité est de caractériser le profil d’immunisation de chaque patient en attente de greffe rénale et de suivre « à la trace » toute modification de son statut immunologique. Tous les trois mois, les sérums de tous ces patients sont testés sur un ensemble de cellules de typage connu soigneusement sélectionnées (panel), de façon à recouvrir l’entièreté des antigènes HLA connus.
Dans le meilleur des cas, l’absence totale d’immunisation constitue la situation immunologique la plus favorable pour un candidat à la greffe, puisqu’on peut supposer qu’à toute offre d’organe, il résultera un cross-match négatif. Par contre, dans le pire des cas, le sérum d’un receveur reconnaît la majorité des antigènes HLA du panel. Il sera dès lors très difficile de lui trouver un donneur compatible, puisqu’on peut supposer qu’à toute offre d’organe, il résultera un cross-match positif, exception faite si donneur et receveur ont un phénotype HLA identique ou très semblable.
Dans le cadre de la sélection d’un receveur, il incombe donner une priorité aux receveurs les plus immunisés quand ils se trouvent en situation de cross-match négatif. On peut imaginer toute la difficulté de trouver un donneur compatible pour un receveur fortement immunisé. Dans ce contexte, le rôle d’une organisation telle qu’ EUROTRANSPLANT prend toute son importance. Il est, en effet, plus facile de trouver un organe disponible pour un tel receveur dans le cadre d’un large consensus d’échange international, plutôt que de se limiter aux offres exclusivement locales. Tous les centres de transplantation l’ont parfaitement compris…